L’Institut international de l’agriculture tropicale au Cameroun (IITA), en collaboration avec l’université de Californie à Los Angeles (dans le cadre de l’Institut du Bassin du Congo), ont co-organisé une consultation régionale des parties prenantes pour l’Afrique « pour un commerce respectueux de la nature pour des chaînes d’approvisionnement agricole durables dans l’agriculture », du 16 au 17 mai à Yaoundé. L’atelier avait pour objectif de discuter des priorités, des défis et des opportunités dans la région Afrique centrale, d’explorer et de formuler des recommandations pour des solutions concrètes allant dans le sens de la promotion d’une agriculture durable. Le constat, tel que présenté par le directeur Afrique de l’Institut du Bassin du Congo, Dr. Kevin Yana Njabo, est le suivant : les producteurs locaux n’ont pas droit à la parole dans la chaîne de valeurs des commodités agricoles comme le cacao ou l’huile de palme, aussi bien en amont (début) lors de l’achat des semences qu’en aval (fin) au moment de la vente des produits. Alors que 75% des matières premières agricoles proviennent de l’Afrique centrale et de l’Ouest, l’industrie du cacao seule représente plus de 100 milliards de dollars, contre moins de 6% qui revient au planteur local.
Face aux nouvelles exigences qui imposent la pratique de l’agriculture soucieuse de la préservation de l’environnement, notamment la règlementation zéro déforestation de l’Union européenne (RDUE), l’obligation de traçabilité et de certification des produits ainsi que l’interdiction du travail des enfants, de nouveaux schémas agricoles doivent être pensés. « Le secteur agricole est un pilier clé dans l’économie de l’Afrique. Il est important de définir des solutions durables, inclusives et qui offrent des opportunités pour toutes les parties prenantes et promeuvent un développement socio-économique », a déclaré Beatriz Fernández Hernández du Programme des Nations unies pour l’Environnement (PNUE).
La science au secours de l’environnement
Les chercheurs proposent entre autres alternatives les produits forestiers non-ligneux (PFNL) qui n’ont pas une empreinte sur l’environnement. « La mangue sauvage est beaucoup consommée dans la région et sa floraison dure presque 20 ans. Nous proposons des techniques de greffe pour réduire la floraison à cinq ans, afin que les planteurs puissent avoir des bénéfices directs », fait observer Dr. Yana Njabo. L’autre créneau est la pratique de l’agroforesterie (technique consistant à jumeler l’agriculture et la forêt ; ndlr) qui consiste en le planting des arbres fruitiers dans et autour des vergers cacaoyers. L’approche s’inscrit dans une logique de durabilité, c’est-à-dire de production de cacao sans déforestation. Elle permettrait de rentabiliser les parcelles existantes en ayant à la fois des produits agricoles et forestiers, tout en diversifiant les sources de revenus des planteurs.
A terme, indique le ministre camerounais de l’Agriculture et du Développement rural, Gabriel Mbairobe, il est question de consolider une feuille de route pour un commerce respectueux de la nature, équitable, durable, inclusif et qui aide les pays à mettre en place des chaînes d’approvisionnement agricoles durables et résilientes et facilite l’accès au marché à toutes les parties prenantes. Dans cette dynamique, le concours du PNUE consiste à améliorer la recherche sur les politiques commerciales et à renforcer les capacités/partenariats pour soutenir le commerce durable des commodités de base, en contribuant à la sauvegarde de la biodiversité, au renforcement de la résilience des écosystèmes et à la promotion d’un développement socio-économique inclusif et durable.