En tant que projet agro-industriel et intégrateur, le PDIZTF est l’expression de la volonté des Chefs d’Etat du Cameroun, du Gabon et de la Guinée Equatoriale de faire de leur zone frontalière commune un pôle d’intégration socio-économique, fait observer le coordonnateur, André Mballa. Il s’agit aussi un projet intégrateur porté par la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) dans la perspective de transformer cette zone en un pôle agro-industriel. Au sein de l’instance sous-régionale, l’on est confiant sur la création de cette zone prometteuse, qui va permettre aux trois pays de coopérer et de collaborer, ce qui aura un impact sur le développement des productions agricoles. L’effet induit sera le développement des chaînes de valeurs agro-industrielles pour créer des richesses et de la valeur ajoutée. « On a affaire à un carrefour commercial où règne l’informel. Il n’y a pas une traçabilité des recettes collectées, faute de données. Le projet a vocation à faire de la zone un pôle de création de richesses et de valeur ajoutée », explique l’économiste senior.
L’industrialisation des filières agricoles et l’import-substitution en ligne de mire
Le commerce est porté en majorité par les femmes, mais elles n’y gagnent pas grand-chose parce que les infrastructures manquent le plus. Le programme veut en outre donner un coup de pouce à la stratégie d’import-substitution telle que pensée et recommandée par la CEA dans le Plan directeur d’industrialisation et de diversification économique en Afrique centrale (PDIDE-AC), document-cadre de la décennie de la diversification économique en Afrique Centrale (2021-2030).
Compte tenu du fait que les produits qui sont vendus à la zone des trois frontières sont non transformés, le programme du Minepat veut contribuer à l’industrialisation des filières agricoles, pour en faire « une zone à fort potentiel d’intégration et de partage des fruits collectifs. Nous avons tout à gagner en sortant de l’informel pour aller dans le sens de l’industrialisation par étapes », soutient Dr. Adama Ekberg Coulibaly. « L’ambition est d’en faire une zone d’agro-transformation de nouvelle génération pour booster la productivité agricole et impacter les femmes qui sont les visages emblématiques du commerce et de l’agriculture », ajoute notre interlocuteur.
La Zone des Trois Frontières, un carrefour de l’intégration sous-régionale en Afrique centrale
La Zone des Trois Frontières est située à la confluence du département de la Vallée-du-Ntem au Sud du Cameroun (chef-lieu : Ambam), de la province du Kié-Ntem au Nord de la Guinée équatoriale (chef-lieu : Ebebeyin) et de la province du Woleu-Ntem au Nord du Gabon (chef-lieu : Oyem). La raison d’être de cette zone est d’améliorer les conditions de vie des populations dans une perspective d’intégration sous-régionale et de densifier les échanges commerciaux et culturels transfrontaliers, dans le respect de leurs intérêts nationaux respectifs.
Selon le DICAMES, l’archive institutionnelle du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES), le Programme de Développement Intégré de la Zone des Trois Frontières (PDIZTF) est une initiative des autorités camerounaises pour implémenter des projets transfrontaliers, afin de permettre le développement local. La zone d’intervention dite « zone des trois frontières », est la démarcation territoriale partagée avec le Gabon et la Guinée équatoriale, deux pays avec lesquels le Cameroun entretient des relations diplomatiques de longue date. En visant le développement intégré « des localités limitrophes entre le Cameroun, le Gabon et la Guinée équatoriale », le PDIZTF suggère une vision systémique de l’usage de l’espace à travers le dépassement des frontières. Sa mise en œuvre passe par une étroite collaboration entre les trois pays.
Quant au Programme de Développement Intégré de la Zone des Trois Frontières (PDIZTF), il a été créé par décret n°2013/8885/CAB/PM du 19 novembre 2013. Il vise l’amélioration des conditions de vie des populations, la promotion et la facilitation des échanges transfrontaliers, afin de faire de la zone des trois frontières un point d’intégration. Il est logé au ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (MINEPAT). Sa base est située à Ambam dans le département de la Vallée-du-Ntem, région du Sud-Cameroun.