L’Association camerounaise pour la gestion durable des terres (ACA-GDT) a décidé de passer à l’action. « L’idée est d’accompagner les pouvoirs publics dans l’atteinte de la cible 15.3 des Objectifs du développement durable qui voudrait que d’ici 2030, les pays aient atteint la neutralité en matière de dégradation des terres. Cela signifie que si on a eu à dégrader, on s’est assuré qu’on a compensé la partie dégradée et surtout qu’on a pris des mesures pour éviter de dégrader », explique le Pr. Dieudonné Bitondo, désigné secrétaire exécutif de l’ACA-GDT à l’issue de l’assemblée générale constitutive de l’association qui s’est tenue le 9 févier dernier à Yaoundé.
Lors de la Conférence des Parties de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (COP 15) organisée à Abidjan en Côte d’Ivoire du 9 au 20 mai 2022, il est ressorti au titre d’un premier bilan que, sur une échelle de 4, le Cameroun était situé au niveau 2. Autrement dit, plusieurs initiatives sont mises en œuvre en matière de restauration des sols et de forêts et d’amélioration de la productivité des terres. Seulement, à moins sept ans de l’échéance, on n’arrive pas à les mettre en perspective et à mieux les capitaliser. « C’est ce qui motive la création de ce forum pour, en plus des efforts des pouvoirs publics, ajouter un élan citoyen de la société civile pour essayer d’améliorer les choses en termes de cadence et de reporting. C’est très important de rendre compte de ce qui est fait », martèle le Pr. Bitondo.
Le bon exemple qui vient des collectivités territoriales décentralisées
Malgré un problème de visibilité des actions menées au niveau national, le Programme national de développement participatif (PNDP) a mené des activités au niveau local pour capaciter les communes dans le domaine de la gestion durable des terres. Par rapport à la cible que le Cameroun s’est fixé qui voudrait que d’ici 2030, 90% des communes situées dans les zones critiques aient intégré la gestion durable des terres dans leurs stratégies, le pays va certainement atteindre et dépasser de l’avis du Pr. Bitondo. En outre, avec le renforcement de la décentralisation, la création des régions et toutes les compétences transférées aux communes, plusieurs d’entre elles ont ces aspects à cœur.
A condition de prendre à bras le corps la question de la terre. « Le sol est l’héritage que nos ancêtres nous ont légué. A un certain moment, on constate qu’il y a une forte pression qui entraîne la dégradation de cet héritage. Si nos sols continuent à être dégradés, il y a fort à craindre que dans les années à venir, nos enfants et petits-enfants auront beaucoup de problèmes à résoudre », fait observer le Dr. Maurice Doube, ingénieur des sciences du sol.
Les actions menées doivent être comptabilisées
Le groupe de réflexion récemment mis sur pied permettra de faire des propositions concrètes à l’Etat pour résoudre problème de dégradation des sols. Il recommande entre autres, la sensibilisation et le renforcement des capacités des différents acteurs sur la neutralité en matière de dégradation des terres (NDT) en vue de promouvoir la participation du public à la NDT et à la prise en compte des actions entreprises en matière de NDT lors de l’élaboration des rapports de progrès. Le ministère de l’Eau et de l’Energie par exemple gagnerait à comptabiliser tous les efforts fournis dans le déploiement des énergies renouvelables et qui lèvent la pression sur le bois de chauffe.
Il faut rappeler que le Cameroun s’est engagé à restaurer 12 millions d’hectares de forêt dégradées d’ici 2030. Le pays a pris l’engagement de réduire à hauteur de 35% ses émissions de gaz à effet de serre sur la même période à partir du niveau de 2010 et conserver sa biodiversité, dans le cadre de la Contribution déterminée au niveau national (CDN).