Paul Aimé Bagafou : Il est question du Congrès des Organisations de la société civile (OSC) engagées en faveur de la transparence électorale, la démocratie et la promotion et la défense des droits de l’Homme. Le congrès vise un certain nombre d’objectifs. Le premier est de formaliser le consortium, une coalition d’OSC ayant décidé de travailler ensemble sur les questions de transparence électorale, puisque nous avons des échéances qui pointent à l’horizon 2023, avec la présidentielle, les élections législatives et locales. Et donc, nous avons décidé d’œuvre pour que ces élections se déroulent dans la plus grande transparence possible.
À cet effet, nous allons peser de tout notre poids : nous avons des outils que nous avons développés, des projets que nous allons mener, nous allons faire un plaidoyer pour éviter au Gabon les tragédies que nous avons connues par le passé, notamment, et qui ont atteint leur paroxysme en 2016. Le congrès se déroule sur trois jours. La premier était consacré aux communications générales sur l’état de la démocratie au Gabon, la question de la transparence et sur le rôle de la société civile dans le cadre de ces élections qui vont arriver. Il y a eu des sessions d’échanges durant toute la journée d’hier et des communications magistrales.
La deuxième journée, et c’est d’ailleurs le deuxième objectif, va consacrer l’échange, discussion ouverte, entre les partis politiques, de tout bord, avec la société civile toujours sur la question de la transparence électorale et sur les attentes communes en ce qui concerne les élections de 2023.
Il y aura des communications communications magistrales des partis politiques et des candidats déjà déclarés à l’élection présidentielle. S’en suivront des échanges, des discussions entre tous les participants autour des communications qui auront été faites, sachant que le thème est la transparence des élections de 2023. Comment y arriver ? Qu’est-ce que nous envisageons ? Qu’est-ce que les partis politiques veulent faire pour garantir la transparence électorale en 2023 ?
Au terme de cette journée, nous allons signer ce que nous avons appelé un Code de bonne conduite. Nous voulons amener toutes les parties prenantes, notamment les parties politiques et les candidats à l’élection présidentielle, à s’engager en faveur de l’organisation d’élections transparentes en 2023. Naturellement, tous les partis politiques, incluant le Parti démocratique gabonais (PDG), ont été invités.
Enfin la troisième journée, ce sera la formalisation du consortium. Il y aura non seulement l’adoption des outils de gouvernance du consortium et la mise en place de ses organes de direction.
Nous avons deux outils de pilotage que nous allons déployer au terme du congrès sous l’égide du consortium, puisqu’il aura déjà été formalisé. Le premier outil, nous l’avons appelé projet d’appui à la démocratisation, la transparence électorale et la sécurisation du résultat des urnes au Gabon.
Ce projet comporte un certain nombre d’activités : des activités de plaidoyer, des activités de sensibilisation, des activités de formation, etc. Il y a tout un panel d’activités que nous allons mener sous l’égide du consortium après le congrès, pour justement matérialiser les résolutions qui auront été prises à l’issue des travaux.
Le second projet porte sur la promotion et la protection des droits de l’Homme, avec là aussi un certain nombre d’activités. Notamment, les sensibilisations sur les droits civils et politiques des citoyens, des formations des journalistes et communicants des partis politiques, par exemple sur les questions électorales et l’observation des élections, la formation des formateurs.
La société civile compte déployer sa propre mission d’observation des élections en 2023. Et donc, il faut former toutes ses personnes, plus de 3600, sur les campagnes de sensibilisation aux droits civil et politique des citoyens. Parce que, nous voulons que les citoyens soient conscients, connaissent leurs droits pour mieux les défendre, mieux se les approprier. Il y aura par exemple la sensibilisation de plus de 30 000 personnes sur ces questions-là, sur l’ensemble du territoire national. C’est donc dire qu’une fois le Consortium mis en place à l’issue du congrès, il y aura pas mal d’activités qui vont être déployés sur le terrain.
Si vous nous demandez si nous bénéficions de l’appui du gouvernement, des autorités, la réponse est non. Maintenant, nous sommes la société civile. Ce que nous faisons, c’est monter des projets et nous faisons de levée de fonds auprès des bailleurs de fonds potentiels aussi bien au Gabon, très peu, sinon à l’international. C’est comme ça que nous finançons nos activités. Nous pensons qu’il y a beaucoup de partenaires qui accompagnent le Gabon et qui sont intéressés par la question de la démocratisation dans le pays.
Il y a par exemple l’Union européenne, des ONG internationales tels que Civicus, National Democratic Institute, qui travaillent sur les questions de démocratie, et qui accompagnent la société civile africaine sur ces questions-là et celles des droits de l’Homme. Ce sont nos partenaires qui nous aident à faire de la levée de fonds. Voilà comment nous travaillons et comptons financer nos activités. Tout autre apport serait le bienvenu, puisqu’il est question de travailler pour le Gabon et pour tous.
Nous souhaitons une plus grande implication de la société civile. Il faut que celle-ci travaille, se mette en rangs serrés, en vue de peser sur le contexte des élections de 2023. Parce que, cette société civile est exclue du processus électoral. Lorsque vous regardez la composition du Centre gabonais des élections (CGE), il n’y a pas de société civile. Donc, la loi électorale, le dispositif d’organisation et de gestion des élections ne prend pas en compte la société civile. Or, celle-ci est un acteur majeur, un vigile de démocratie, qui doit être intégré dans le processus, tel que suggère les standards internationaux, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et aussi la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance. Il y a une inclusion de la société civile qu’il est nécessaire de faire. Mais pour exiger cette inclusion, il faut que nous travaillions de manière collégiale pour trouver des stratégies et mener des actions de plaidoyer et de sensibilisation des autorités.